Noisy Music

Publié le 10 Décembre 2012

Suite à un parcours effectué dans la ville de Bordeaux, j'ai choisi de m'intéresser à l'apréhension que les habitants ont des sons agréables et désagréables de la ville. 

 

tramway  travaux

 

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                                              images apllication Noisy Music

 

 

Un bruit par définition est considéré comme désagréable. Ceux de la ville pendant un parcours ne nous interpellent guère car nous avons appris à faire abstraction de ses nuisances en tant qu’habitants de Bordeaux. Le bruit d’un tramway, de travaux, ou encore de la foule qui se transforment en un grondement habituel, nous repoussent et par conséquent, nous les ignorons. Seulement, ces bruits nécessaires au fonctionnement de ville ne peuvent être supprimés et c’est pour cela qu’il faut vivre avec. Le but est de changer la perception que les habitants de Bordeaux ont des bruits désagréables et de les transformer en des bruits agréables.

 

Dans l’idée de créer un évènement, une application pour Iphone et Ipad serait développée pour pouvoir capter des bruits extérieurs par le biais de l’enregistrement, pour ainsi les mixer ensembles dans le but de composer de la musique. De plus, pour impliquer d’avantage les habitants, un évènement aurait lieu pour mettre en compétition tous les morceaux réalisés dans l’optique d’un concert. Chacun pourra s’improviser compositeur, musicien et appréhender d’une autre manière les bruits de la ville.

 

Après avoir capté par le biais de la vidéo, les ambiances du parcours effectué dans Bordeaux, j’ai remarqué que les habitants évitaient les endroits bruyants lors des pauses à l’ombre d’un arbre dans un parc par exemple. Ceux qui ne peuvent pas fuir ces « points d’impacts » sont en général des gens qui se rendent au travail, qui attendent le tramway, le bus, qui font les magasins, etc. Parce qu’ils sont obligés de se rendre dans ces lieux bruyants, ils oublient les bruits et se concentrent dans l’exercice de leur tâche, le plus souvent en pianotant sur leurs portables ou en écoutant de la musique. La musique est par conséquent un moyen de palier à cette désorganisation de la ville. Lors de leurs périodes de repos, ils recherchent du calme et préfèrent également écouter le son agréable d’un oiseau, d’un enfant qui rit, des feuillages, de l’écoulement de l’eau, etc.

 

Utiliser les bruits extérieurs qui au premier abord, nous paraissent inutiles pour en faire quelque chose qu’on aime par la musique, permet de changer la perception que les habitants ont de leur environnement, et ainsi, de les apprécier. Pourquoi un bruit ne pourrait-il pas être aimé tout comme la musique ?

C’est sur cette question que Jean-Marc Chouvel 1 a réfléchi. En effet, il part du principe que le bruit et la musique au premier abord sont deux notions antinomiques. La musique est ainsi considérée comme «civilisée» et le bruit des notes «barbares et désagréables» mais cette première appréhension est purement subjective nous énonce t-il. Par conséquent, le bruit dépend de la perception de chacun : la musique entendue sur notre propre radio va nous être agréable tandis que celle entendu sur la radio du voisin va être «invivable». Pour changer cette perception subjective, cette idée toute faite sur le bruit, Jean-Marc Chouvel propose une expérience qui vise à passer d'un objet sonore trouvé dans notre environnement à celui d'un matériau musical. Ce qui au premier abord nous repousse dans le son d'un objet, va pouvoir être transformé en musique par la percussion. Au final, cette percussion à la base désagréable car non harmonieuse, va être organisée pour se rapprocher de la musique. JJ Nattiez 2 tout comme Jean-Marc Chouvel dissocie son et bruit car le son est représenté par des vibrations périodiques régulières et le bruit des vibrations apériodiques donc « tout son qui prend pour nous un caractère affectif désagréable ». L'auteur nous explique que le bruit est le résultat d'un son désorganisé, non contrôlé, en état brut et non modifié par l'homme. Ainsi, si ce bruit est organisé de manière à se rapprocher de la musique, il peut devenir agréable et changer la perception négative que les gens ont de ces bruits. En diminuant les décibels, en rassemblant et organisant des bruits, en prélevant juste une partie et le répétant pour amener du rythme à l'ensemble, on pourrait se rapprocher de la musique électronique mais basée sur le bruit. C'est sur ce principe qu'a été crée la musique sur des bidons ou autrement appelé le « Steelpan »3 avec des groupes comme Wood Shank, qui composent avec des matériaux de récupération, à la base qui n'ont aucune utilité et jugés comme bruyants. Pourtant, organisés dans un ensemble cohérents, ils deviennent agréables à l'oreille.

 

 

1Composer (avec) le bruit, Jean-Marc CHOUVEL, date inconnue.

2Musicologie générale et sémiologie, le bruit comme phénomène sémiologique, JJ. Nattiez, bourgeois, 1987

Rédigé par creations design étudiante 56

Publié dans #multimédia

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